• 2.2

    2.2

    Noir

    Une si triste couleur

    Couleur du malheur

    Un profond désespoir

    Une déchirure des cœurs

    De jeunes amoureux

    De gens heureux

    Qui se sont quittés avant l’heure.

     

     

    « 11 rue de la Liberté, Algaïa, s’il vous plaît. »

    Le taxi démarra et au fil des minutes, il me rapprochait du domicile de Matis. Après de nombreux appels, nous nous étions fixés rendez-vous chez lui samedi soir. Il me téléphonait souvent en début de semaine, une touche de tristesse dans la voix. Il me parlait de son travail, de ses peines et de ses problèmes ; je lui parlais des miens. Nous nous entendions à merveille, nous étions deux âmes blessées qui s’étaient trouvés.

    Le chauffeur engagea la conversation. Il était jovial et je me sentis très vite en confiance.

    « Que pensez-vous de la réforme ? »

    Le propriétaire du taxi attendit le plus longtemps possible avant de répondre :

    « J’ai laissé ma femme enceinte de l’autre côté de la frontière. »

    Je n’insistai pas et me tus le reste du trajet. J’étais écœuré ; dans mon dernier livre, j’avais fait mention de cette atrocité. Où vivrait l’enfant métis de cet homme ? La réforme ne pourra durer. Diviser n’était pas la solution.

    Le taxi s’arrêta, je remerciai le chauffeur et sortis. Malgré la canicule, une vague de chaleur m’envahit et une petite boule se forma dans ma poitrine. Depuis que je connaissais Matis, la lueur au bout du tunnel s’était transformée en un feu de joie éblouissant. J’avançai prudemment, promenant mes doigts le long du mur. Je n’eus pas le temps d’actionner la sonnette qu’il avait ouvert la porte. L’anxiété quitta ma poitrine à partir du moment où son souffle avait effleuré mon visage. Nous étions consciente de l’ambiguïté de notre relation bien que nous faisions comme si de rien n’était, peut-être par peur de la vérité.

    « Je suis heureux que tu sois venue. »

    Sur ses simples mots, Matis m’invita à entrer et me présenta son chez-lui. L’agencement des meubles donnait une impression d’espace. C’était plus déstabilisant pour lui de me guider que pour moi de me repérer. Il avait peur que je me cogne contre quoi que ce soit, alors qu’à présent, il me suffisait d’un claquement de langue pour avoir une idée de la pièce.

    Le repas, préparé par un traiteur, fut délicieux. Comme à notre habitude, nous avons beaucoup parlé. Je commençais à bien connaître Matis. Sa vie avait débuté à la suite d’un drame 27 ans plus tôt. Clémence était jolie et frivole comme toutes les jeunes filles de 16 ans du Sud. Le soir de la fête nationale, elle but quelques verres de trop, puis ce fut le trou noir. Impossible pour l’adolescente de se rappeler de ce qu’elle avait fait ensuite. Une chose était sûre : 3 mois plus tard, son ventre s’arrondissait.

    Au début, Clémence avait peur, peur de celui qui prenait chaque jour un peu plus de place dans son corps. Le fœtus finit par l’amuser. Ses parents comprirent rapidement que leur fille n’était ni prête à avoir un enfant, ni à avorter.

    Dans la chambre d’hôpital, la seule personne à venir admirer le nouveau-né fut un oncle du Nord. Il sourit à Clémence : elle ne devait pas s’inquiéter, Matis serait entre de bonnes mains.

    Au fil du temps, le nourrisson était devenu un robuste homme du Nord. Son oncle et père adoptif lui avait transmis le goût de la politique et Matis adhéra au ULD. Je l’écoutais, je n’écoutais que lui, sa voix et pas les mots qu’il prononçait. On dit souvent que l’amour rend aveugle. L’expression qui me correspondait mieux était : l’amour rend muet.

    Comme toutes nos soirées, elle se déroula avec une rapidité effrayante. Matis se leva, souple, et alluma une chaîne Hi-fi. C’était une valse jouée au piano, magnifique… Les notes firent remonter en moi de merveilleux souvenirs, d’éclatantes couleurs…

    Matis avait disparu, Mme Sigè était à mes côtés. La professeure me tendait des pages blanches. Plus les feuilles immaculées s’accumulaient sur le piano, plus ses faux sourcils se fronçaient. Mes doigts glissèrent sur les touches blanches, puis sur les noirs. La musique emplit la pièce, un sourire éclaira mon visage d’enfant. Mme Sigè posa sa main sur mon épaule pour me témoigner sa fierté.

    A présent, tout se mélangeait dans ma tête. Le présent, le passé. La musique naissant sous mes doigts et la valse. Mon sourire et celui de Matis. Sa main sur mon épaule et celle de Mme Sigè. L’illusion se dissipa sur quelques mots :

    « Veux-tu danser ? »

    J’éclatai de rire, d’un rire faux. Etait-ce la nervosité de sa rapprocher dangereusement de l’inavouable révélation ? Je me levai une grimace sur le visage. Matis m’encouragea en me tenant la main. C’était comme si mon cœur se trouvait dans ma paume. Chacun de ses contacts me le réchauffait.

    La valse reprit avec un couple pour l’accompagner dans sa folle course. Ma peur disparut dès les premiers pas. Il avait enlacé ma taille et placé mon bras autour de ses épaules. Son autre main avait gardé mes fins doigts de femme. La mélodie nous pris au vol. Matis était mon guide entre les nuages, il connaissait le chemin. Les mots étaient inutiles. Un dialogue silencieux s’était installé entre nous. Il dissipait mes incertitudes. Mon cavalier me témoignait le même amour que je me refusais à lui avouer. Nos pas se rétrécirent, nos pieds se rapprochèrent, son souffle se fit plus chaud et la musique se tut sur un magnifique accord final.

    Les contes de fées n’existent pas… Pourtant, un instant j’y ai cru : ses lèvres s’unissant avec perfection aux miennes… La sonnerie du téléphone acheva notre étreinte plus que notre danse. Doucement, le rêve s’anéanti. Je m’affalai sur le canapé tandis qu’il se précipita sur l’appareil à l’horrible musique mécanique.

    « Oui ?

    - J’t’ai attendu toute la journée ! »

    La voix au bout du fil me glaça  le sang. Elle était négligée et le grésillement me rendait l’étrangère encore plus antipathique. Matis savait que j’entendais toute la conversation ce qui le rendit mal à l’aise.

    « Tu m’abandonnes ! J’en étais sûr qu’ça arriverait un jour ! Tu pourrais me remercier, quand même, de t’avoir gardé ! C’est grâce à moi que t’es là aujourd’hui. Sans moi tu serais pas ce que t’es ! Tu pourrais un peu penser à ta pauv’mère ! J’t’ai… »

    Matis raccrocha brutalement le téléphone et se laissa glisser le long du mur. Je m’approchai, pris tendrement sa main tandis que j’essuyai les gouttes d’eau salées sur son visage. Il se confit :

    « C’était ma mère… Depuis la réforme, mon oncle vieillissant veut que je m’en occupe tous les week-ends. Elle est devenue à moitié folle. Clémence m’en demande trop. Je ne peux pas gérer mon travail et elle. Elle me culpabilise, je… »

    Mes doigts avaient glissé sur ses lèvres pour lui intimer de se taire. Le reste de la soirée se déroula dans le douloureux souvenir du passé : moi, l’erreur génétique, lui, l’erreur de jeunesse.

    Enfin, l’heure vint où il fallut rentrer. Matis pris sa voiture et conduisit en silence. L’atmosphère légère et innocente était très vite retombée. Ce fut dans un lourd silence que je sortis du véhicule. Quelques pas et sa voix me rappelait déjà à lui.

    « Rose, Rose attends ! »

    En trois enjambées, il fut près de moi.

    « Je suis désolé, je ne voulais pas… »

    Doucement et à ma plus grande joie, il m’attira contre lui et nos lèvres s’unirent sur un magnifique accord final.

    Les contes de fées n’existent pas…

    Je respirais le bonheur. Les oiseaux chantaient l’amour, les fleurs dégageaient le plus délicieux des parfums, le soleil illuminait ma vie. Cependant, j’ai vite déchanté.

    Lundi, l’astre doré écrasait de ses rayons la place Eleuthéria. L’atmosphère était chaude et lourde. La nervosité ambiante était l’annonce d’un orage pour la soirée. Je ne m’occupais pas de la météo, seul Matis m’importait. Je lui avais donné rendez-vous chez moi à huit heures…

    « Rose ! Concentre-toi un peu sur ce que je t’explique ! »

    Phillipa était installée en face de moi dans une petite cafétéria. Elle désapprouvait mon inattention, et je l’imaginais facilement les sourcils froncés et une moue aux lèvres.

    « J’ai deux mauvaises nouvelles à t’annoncer et ne réagis même pas ! Qu’est ce qui t’arrive ? dit-elle agacée.

    -Vas-y, je suis tout ouïe. 

    - Tout d’abord, un seul éditeur accepte de publier ton livre à condition de supprimer un ou deux arguments contre la réforme…

    - Ce qui signifie que je serais en sa faveur ? C’est hors de question ! Je ne renierai jamais mes idées !... Quel est la deuxième mauvaise nouvelle ? »

    Phillipa ne répondis pas immédiatement, marquant un temps d’hésitation à choisir la meilleur solution : se taire ou dire la vérité.

    « Alors ? m’impatientai-je.

    - Tu sais, je m’inquiète pour ta sécurité. La propagande installée par Jon Eleuthéria n’est pas censée protéger tes idées, c’est plutôt le contraire… Sache que je n’ai confiance en personne et sans moi, tu serais déjà derrière les barreaux…

    - Qu’y a-t-il Phillipa ? Je ne t’ai jamais entendu aussi inquiète. Je t’aime et te respecte beaucoup. Parle, n’es crainte ! tentai-je de la rassurer.

    - L’homme qui a voulu te rencontrer au restaurant Acapella, je n’avais pas confiance, alors… j’ai fait des recherches sur lui… »

    Le sang se glaça dans mes veines. D’un signe de tête, je lui demandai de continuer :

    « Il s’appelle Matis d’Olinthe et a 27 ans. Il est fils d’une certaine Clémence d’Olinthe et d’un père inconnu. Il a fait des études de criminalité option politique à l’école polytechnique d’Agora. Il s’est mis à son propre compte proposant sas services de détective aux plus aisés. »

    Je connaissais ces informations sur la vie de matis. Mais, Phillipa n’avait pas l’air d’avoir terminé. A présent, je redoutais le pire.

    « En tant que partisan du ULD, sa secrétaire m’a appris qu’il avait été chargé de quelque recherche par le parti, et… Rose… Ca va ? »

    Malgré ma chaleur écrasante, j’avais de glacials frissons dans le dos. Je me sentis défaillir et me précipitai à l’extérieur. Mon intermédiaire me rejoignit.

    « Pourquoi ?... Pourquoi Phillipa faut-il toujours lorsque ma vie commence à devenir stable… Pourquoi faut-il que tout s’effondre ?

    -Excuse-moi, je ne pensais pas un instant que… »

    Le feu de joie n’était plus que des cendres. L’obscurité était retombée dans prévenir.

    Tout était arrivé si soudainement. Tout s’était déroulé si vite. Olivy, notre amitié, le goût des livres, son départ précipité, la réforme, Phillipa, et enfin Matis, des sentiments nouveaux. Ma vie était un échec.

    Ainsi dans la cuisine, je repassais en boucle les tragiques évènements de ma pauvre destinée. La journée s’acheva dans les larmes. Je ne voulais plus écrire pour me consoler. Le téléphone sonna plusieurs fois, je ne bougeai pas. Azur tenta de m’égayer, je ne bougeai pas. J’attendais huit heures.

    La stridente sonnerie retentit à l’heure prévue. Je ne bougeai pas. J’hésitais entre la fureur et la fatalité. La sonnerie me brisa à nouveau les tympans. Je ne bougeai, mais sa voix grave me décida définitivement.

    « Rose ! Tu es là ? C’est Matis. »

    J’ouvris énergiquement la porte d’entrée.

    « Excuse-moi, je ne t’avais pas entendu, dis-je brutalement avec un sourire forcé. »

    Il me tendit un paquet, un cadeau, un leurre. La rage l’avait emportée sur le désespoir. J’avais retrouvé toute ma vitalité et mon énergie. A présent, j’étais prête à faire payer ce traître. Il se pencha pour m’embrasser, mais, prestement, j’allais déposer le paquet dans ma chambre. Lorsque je revins dans la pièce, il s’était installé dans le canapé.

    « Tu as passé une bonne journée ? entama t-il la conversation.

    -Oui, merveilleuse ! J’ai appris des informations très intéressantes… te concernant tout particulièrement. »

    J’avais touché juste. Il ne répondit pas. Par pur plaisir, je laissai une minute s’écoulée. Il était doué, il savait contrôler ses émotions.

    « Je n’ai pas l’habitude de tourner autour du pot. Pour qui travailles-tu ? attaquai-je… Pour qui travailles-tu ?! répétai-je, ma voix frôlant les aigus.

    - Pour l’ULD. Et alors ? répondit-il en se levant.

    -Alors ?! Tu m’as bernée, tu n’es qu’un traître. Tu me fréquentes pour mieux me dénoncer. Tu me dégoûtes ! 

    - Je…

    -Tais-toi ! Tu auras tout le loisir de parler lors de mon procès. Comment as-tu pu me trahir à ce point ? Tu savais, tu as profité de ma naïveté, tu… hurlai-je, la fureur remplaçant la rage.

    - Je ne te laisserai pas continuer à cracher ses stupidités ! Je t’ai dis que je travaillai pour l’ULD, mais tu ne m’écoutais pas. Je ne t’ai jamais menti. Je t’aime et je ne me suis pas trompé. La seule erreur que j’ai commise, c’était de croire qu’Olivy était ton véritable nom. Ma mission ne concerne pas Rose Bia, mais Olivy. Si tu ne m’avais pas ouvert les yeux sur notre société, je t’aurais vite oublié. »

    J’étais effondrée et cachais tant bien que mal mes larmes derrière mes lunettes. Cependant, je n’allais pas me laisser abattre, mais il n’avait pas fini.

    « Le seul élément que je n’ai pas découvert est pour quelle raison tu as pris ce pseudonyme peu commun. »

    Toutes ces émotions fortes et sa dernière phrase rouvrit la plaie dans ma poitrine. Celle que j’avais mis neuf mois à cicatriser. Les larmes jaillirent en cascade telles les chutes d’Iguaçu.

    Matis s’approcha pour me prendre dans ses bras. Je le repoussai violemment et lui crachai au visage la douloureuse vérité :

    « Tu veux connaître la réponse pour ta fichue enquête ? Je vais te la dire, mais ensuite, je t’interdis de revenir ici, disparais !... Olivy est entrée dans ma vie un soir d’été, elle en est sortie un matin d’hiver. Elle a laissée un cœur blessé et une amitié inoubliable. »

    L’homme au subtil parfum de lys et de jacinthe se dirigea vers la porte suivant mes ordres. Sa voix grave résonna à mes oreilles pour une ultime fois :

    « Merci. J’ai noté l’adresse d’Olivy sur cette feuille de carnet en espérant qu’elle fasse ton bonheur. »

    La porte s’ouvrit, se ferma. Les pas s’éloignèrent. Je tâtai frénétiquement le papier pour tenter de déchiffrer les mots écrits au stylo.

    Quelques minutes plus tard, un taxi m’emportait vers Olivy.

    Mon amie habitait un quartier résidentiel tranquille réservé aux classes plutôt aisées. Les femmes et leurs maris partaient tôt le matin au travail pour rentrer tard le soir. Les enfants étaient soit à l’école, soit à la garderie et les familles passaient leurs week-ends chez des amis. Se faire oublier dans cet environnement paisible ne pouvait être plus facile. Les oiseaux devaient égayer les journées, mais je n’eus pas l’occasion de le constater. La sensation de chaleur provoquée par les phares du taxi s’atténua pour se dissiper totalement. Je me tenais seule dans l’obscurité, seule dans  la nuit rafraîchissante de fin d’été, seule devant le numéro 23 de la rue Jose Luis Borges.

    D’un doigt fébrile, j’actionnai la sonnette qui retentit tel un cri de détresse. Une personne se traîna dans un escalier. J’inspirai profondément lorsque le cache de l’œil de bœuf coulissa. Des secondes interminables s’écoulèrent avant que la clé tourne dans la serrure et que les gonds de la porte s’ébranlent.

    « Rose ?... »

    La minute suivante, nous étions enlacées comme si nos vies en dépendaient. La jeune fille que j’avais quittée était devenue une femme. Cependant, elle restait toujours aussi fragile, les os saillants et la taille si svelte. Toutes les bonnes choses ont une fin et Olivy m’invita à entrer. Nous avions neuf mois à rattraper. Je commençai. A l’évocation de Matis et de l’ULD, elle ne réagit pas, en tout cas ce fut ce je crus. Volontairement, je ne mentionnai pas la journée catastrophique que j’avais passée. Puis ce fut son tour :

    « La semaine précédent mon départ, je m’étais renseignée auprès des agences immobilières et avais acheté cette discrète villa en ton nom. J’y ai écoulé des jours paisibles, mais la nuit ton visage me hantait, j’avais honte de ma traîtrise. Comme toi, j’ai fini par accepter cette vie, je n’ai pas le choix. »

    Elle fit une pause de peur que ses souvenirs la submergent. Après un profond soupir, Olivy se lança dans les explications.

    « Ma vie a tourné au cauchemar cinq ans plus tôt. A dix-sept ans, dans un bureau enfumé par les cigares de trois hommes, je signai mon admission au parti de l’ULD. J’ai été initiée à la politique pendant trois ans. A force de propagande, je suis devenue une fervente militante. Pour ma quatrième année, les trois hommes m’ont convoqué dans le bureau.  Les papiers, documents et livres s’y était entassés. La fumée y était encore plus irritante et épaisse. Jon, un homme à femmes le plus manipulateur du parti, m’a expliqué ma mission en louant mes qualités et mon devoir de sauver la patrie. Mon joli minois devait récolter au gouvernement des informations servant les intérêts de l’opposition. Naïve et insouciante, je me suis rendu compte de mes erreurs trop tard. Le président venait de mourir et son sosie le remplaçait déjà pour terminer son mandat. Je me suis enfuie loin d’Agora et cette nouvelle scandaleuse n’est parvenue à l’ULD que neuf mois plus tard. Grâce à mon emploi, ils ont fini par me retrouver. Te souviens-tu de la lettre ? »

    J’hochai la tête tristement. Jamais, je n’oublierai cette terrible journée.

    « J’ai feignis d’être heureuse en la recevant pour que tu m’oublies, mais j’ai craqué. Le gouvernement fit croire à la population que le président était décédé d’une tumeur au cerveau. Deux mois plus tard, eurent lieu les élections et Jon oublia temporairement ma désertion. A la suite de la réforme, le chef d’Etat voulut diviser l’opposition et ayant perdu ma trace, il engagea Matis d’Olinthe. J’étais le témoin parfait et il comptait bien me faire payer ma trahison. Tu m’as beaucoup aidé sans le vouloir. »

    Tentant d’étouffer un bâillement, Olivy me conduisit dans la chambre d’ami. Elle me regarda me coucher, éteignit la lumière et quitta la pièce.

    Malgré la fatigue, je ne parvenais pas à trouver le sommeil. Les larmes coulaient sur mes joues sans bruit.

    Les premiers rayons du soleil me réveillèrent. Ils avaient séché les gouttes d’eau salées par la peine et réchauffé mon cœur à présent léger. Je descendis rejoindre Olivy dans la cuisine. Elle me servit le traditionnel bol de céréales.

    « Un dernier détail m’intrigue, dit-elle. Comment as-tu eu mon adresse ?

    - Matis me l’a donné avant que je le chasse définitivement.

    - Pourquoi ?

    - Je croyais qu’il m’espionnait, je l’ai pris pour un traître alors que je m’étais laissée aller dans ses bras et sur son cœur. De toute façon, je ne l’aime plus. 

    -  Comme tu peux être idiote et butée, rit-elle. Tu l’aimes autrement tu n’aurais pas pleuré toute la nuit. Franchement, qu’attends tu ? Si j’en crois ce que tu m’as dit, c’est un homme formidable. Il est prêt à perdre sa réputation pour ton bonheur ! »

    Je rougis comme jamais auparavant. Pris d’un subit élan, je m’élançai vers la station de taxi la plus proche.

    Le soleil se levait à l’horizon. Jamais je ne me brûlerais les yeux à l’admirer. Jamais je ne retrouverais la vue, mais j’avais trouvé l’amour. N’était ce pas largement suffisant ?

    Les couleurs sont comme les vies : elles se mélangent et se séparent indéfiniment...

     


  • Commentaires

    2
    Lundi 4 Août 2014 à 20:01

    Oui c'est le texte brut sans corrections ultérieures. En tout cas, c'est amusant de pouvoir apprécier la progression faite depuis.

    Merci de ton commentaire Koe ^^

    1
    Lundi 4 Août 2014 à 14:14

    Pour une première histoire, elle était vraiment géniale! Il y a bien quelques fautes de frappes, mais l'idée est très originale. merci de partager ce texte, Sucrée!

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